Feu de crèche
C’est Lucie,
je suis la dernière, autour de moi cendres et ruines,
j’ai sur mon ventre sachet de graines de coquelicots périmé, on
ne sait jamais, pour quoi, pour qui, j’
ai rêvé d’un grand champs de fleurs.
Extrait de Inhume Haine [poème 31] - 2015,
de Didier Trumeau.
Ils
dirent que Rhys Rhys faisait brûler son bébé
quand un buisson d’ajoncs se mit à flamber au sommet de la colline…
…Une
flamme toucha sa langue. Hiiiii ! cria le bébé qui brûlait et la colline illuminée répercuta le cri..
Extraits
de : Le bébé qui brûlait - Dylan
Thomas
Notes de l’auteur .
:
Dès
ma première lecture de : Le bébé qui
brûlait du poète Gallois Dylan Thomas, j’ai toujours eu une fascination
pour cette étrange nouvelle mystérieuse qui figure dans le tome 2 de Œuvres –éditions SEUIL 1970. Ce tome 2 me manquait, mon tome 1 était bien triste,
orphelin dans ma bibliothèque… Mais vers 1998, dans un sous-sol d’une grande
bibliothèque de Picardie, par hasard ? En fouillant rapidement dans une
étagère bancale, au milieu de livres poussiéreux visiblement mis au rebut, je
tombe sur le tome 2 des Œuvres de
Dylan Thomas. Sans hésitation, je sauve le livre, le muche sous mon blouson
pour le dérober ; dans la foulée, je n’en reste pas là, j’emporte un autre
petit livre consacré au feuilleton britannique Le Prisonnier … -Vous savez avec le fameux N°6- …et je viens de
réaliser que ce feuilleton se passe toujours en huis clôt dans un village au
bord d’une plage du Pays de Galles.
Début
octobre 2008, je ne suis vraiment pas
au mieux de ma forme. J’ai, entre deux longs moments de grande torpeur, le
désir violent d’écrire un texte sur les sentiments qu’en moi les jeunes en
détresse que je croise dans le cadre de mon travail d’éducateur de rue, ont
fini par inscrire avec force et non aussi une certaine violence, dans mon âme,
ma psychè. Je voulais de CELA en expurger un poème, une histoire, un conte… Je
ne savais quoi mais ma seule certitude il fallait que CELA soit à la mesure de
l’horrible absurdité de ce qu’il m’était, alors, donné à être confronté
quotidiennement. Puis d’un coup ! J’ai repensé à la nouvelle Le bébé qui brûlait de Dylan Thomas
alors Feu de crèche est devenu une
évidence et je l’ai écrit. Il y a eu plusieurs versions que j’ai brulée mais
celle qu’il me reste, bien que ce soit encore à mon avis un brouillon, me plait
bien, assez pour la partager avec des lecteurs.
Les
personnages de Feu de crèche m’ont
tous été inspirés par des visages que j’ai connus et accompagnés durant mes
années de travail social. Les lieux : la cité, son nom absurde a été
changé par un autre nom qu’il fallait bien tout aussi absurde. Le bois de
bosquets lui existe/existait… - A-t-il été rasé depuis ? C’est probable.-
…dans un quartier populaire ou j’allais parfois et son nom Sherwood montre que les jeunes des zones de relégation sociale ont
de la pertinence dans leur humour et une lucidité cruelle. Le fait divers, lui,
dans une grande ville de France ne s’est pas conclu comme je l’ai écrit mais au
final, il y ressemble… autrement.
Afin
que je sois satisfait de cette « nouvelle », il me manquait un p’tit
quelque chose. Comme je vis en musique, depuis le vendredi 13 novembre 2015,
j’éprouve le besoin d’écouter des chansons qui parle de feu et d’amour, j’ai
compris qu’étais là, les pièces manquantes pour finaliser un puzzle de mots
soufflés à la mesure de ce que je désire pour Feu de crèche.
Ce
travail va certainement être le socle pour le départ d’un roman-polar-social
qui trotte depuis longtemps dans ma caboche.
Christian-Edziré
Déquesnes, le
19.11.2015, à Saint Amand-les-Eaux.
BUCHER FUNERAIRE
Au bas des rues, ce soir, le
livre saint va brûler,
les gens rire et pleurer dans leurs agitations
(Tourmente jouissive)
Jeter vos peurs et perdez votre culpabilité,
ce soir, nous brûlons vos responsabilités dans l’incendie.
Nous voyons les flammes s’élever
bien plus
mais si vous obtenez trop de cendre,
vous ne pourrez plus rentrer chez vous.
Et comme je me retrouvais bien
sur le front
j’ai pu voir ces visages de ceux amenés à pisser de rire sur leur
identité. (
et les flammes
redoublent alors de force)
Leurs yeux exorbités à la folie de leurs visages congestions disent
Les plus faibles
s’écrasent pareils aux forts qui deviennent plus forts.
Nous régaler de chair et boire
le sang,
vivre par la peur et dans le mépris de l’amour dans une crise
(ce que les prix augmentent aujourd’hui).
Apportez un peu de papier et du bois,
Apporter
ce qui demeure de tout amour pour le feu.
Nous vous voyons regarder les
flammes
dans le bûcher funéraire
Nous vous voyons regardez les flammes grimper plus haut
mais vous
obtenez trop de cendre
vous ne pourrez plus rentrez chez vous.
Dans le bûcher funéraire
(enfin,
je me sens si vieux, quand je me sais si jeune)
Vous ne pouvez venir à la maison
(Eh
bé ! J’ai juste à ne pas grandir pour ne pas répondre à la demande)
Dans le bûcher funéraire
enfin je me sens
si jeune, quand je me sais si vieux)
(Eh bé ! j’ai juste à ne pas grandir pour répondre à la demande)
Eh, bé, je me sens si vieux
quand je me sais si jeune.
Eh, bé, j’ai juste à ne pas pouvoir grandir pour répondre aux exigences
Très libre adaptation française, de la chanson THE FUNERAL PYRE de Paul Weller (The Jam)
Au dedans des horizons de givres sont déclinées
les heures de cette saison des fêtes au final de décembre. Au tombeau du jour,
Lucie avance. En boule inerte dessous son blouson de skaï, enveloppé dans la
chaleur de sa poitrine qui traverse son chandail vermeil de misère. La
naissance de l’enfant Jésus aux illuminations des fenêtres est prétexte aux
débordements de ripailles qui vont envahir les appartements, ici comme
ailleurs, à la cité Eldorado en briques feu. Certains, ce soir, vont vomir
d’abondance. Lucie longe le cul nord-est d’un de ces immeubles récemment
rénovés à prix massacrant les concurrents par l’ogre bailleur. Déjà, petite
souris grelottante dans le gros paquet de l’air gelé, Lucie traverse l’espace qui
sert parfois de terrain de foot pour rejoindre au bout la rébellion de quelques
hauts bosquets que l’urbanisme n’a pas encore spoliés. Eldorado un nom jeté
comme un pieux dans l’œil prolétaire du cyclope des trente glorieuses par des
promoteurs de l’habitat des échafaudages d’une de ces cités à dormir pauvre que
Lucie n’a jamais pu quitter depuis… Souvenirs d’une époque quand le père est
licencié : Fermeture de la fabrique à textile Van Temoort. Depuis ce n’est
plus jamais que missions express en intérim pour des francs démantelés au
profit de l’euro-monnaie… Puis, en l’incendie d’une alliance avec l’alcool, le
père cogne le visage alarmé de la mère. Bientôt sonne la chanson des cloches du
divorce qui fête bientôt à l’unisson le départ de Stif’, la grande teigne
d’ainé, pour un voyage institutionnel en centre d’une éducation renforcée.
Lucie voit le profil d’un possible en famille d’accueil pensé de traviole par
une enquêtrice sociale. Bingo ! Une évaluation défaillante autorise
l’adolescente à demeurer aux domiciles parentaux car le divorce a été trompeté
au tribunal des affaires matrimoniales ; une décision qui offre à Lucie le
privilège de voyager de chez l’un à chez l’autre de maman-papa qui refont vie
séparément…
L’Ange chante : FIRE de
The Crazy World of ARTHUR BROWN
I am the God of Hell Fire & Bring You
Je suis le Dieu du Feu de l’Enfer et je vous apporte
Fire,
I’ll take you to
Feu, je te ferai
brûler
Fire, I’ll take you to leav
Feu,
je te ferai apprendre
I’ll see you burn / Je te
verrais brûler
You Gonna Burn. You Gonna Burn.
You Gonna Burn
Tu
vas brûler. Tu vas brûler. Tu vas brûler.
Burn , Burn, Burn, Burn, Burn, Burn.
Brûles.
Brûles. Brûles. Brûles. Brûles. Brûles
Flamboyante
prière païenne au centre puant le pétrole d’un petit bûcher, bientôt je suis
une incandescente petite tête chiffonnée aux lèvres roses toutes en flammèches
écarlates sortie morte-vive d’un ventre de dupe. Telle une fée en insurrection
désespérée surgie d’entrailles maternelles, la flamme du refus baisera ma
langue et il se détachera de ma gorge un minuscule cri à peine perceptible qui
sourdement, très sourdement, ricochera plusieurs fois puis s’enroulera aux
parois de béton de la cité.
L’Ange
danse au son de : LIGHT MY FIRE
de THE DOORS (Jim Morrison)
The time to hesitate is through
Nous n’avons plus le temps d’hésiter
No time to wallou in the mire
Pas le temps de patauger dans la boue
Try now we can only hose
Essaye maintenant, nous ne pouvons que perdre
Et notre amour se change en bûcher funéraire
Vas-y bébé, allume mon feu.
Vas-y bébé, allume mon feu.
Essaye de mettre la nuit en feu, ouais.
Le
fait divers n’inscrira aucun nombre. Sont-ils deux ? Sont-ils trois ?
C’est tel un doute qui plane identique à un esprit saint qui plane improbable
sur la rédaction piteuse d’un journaliste de presse locale qui exploite le
tragique d’ordinaires drames provinciaux de la misère.
Deux
et celui que tous appelle Holy Ghost… - c’est ainsi que ce dernier, se surnomme
à lui-même - …sont à attendre dans les derniers hauts bosquets épargnés par la
grâce de l’option écologique lors de l’élaboration du plan de construction et
d’aménagement de la citée Eldorado. Des jeunes adultes désoeuvrés du quartier,
lors du premier été en Eldorado en une nuit de barbecue et beuverie sauvages
ont surnommés les bosquets Sherwood, depuis le nom est demeuré.
Ce
soir le premier arrivé est Johnny. À l’état civil, son prénom est Robert mais
il réclame que l’on l’appelle Johnny. C’est Johnny, le skin car il a eu sa
période skinhead fabriqué en (f)Rance même qu’il l’a tatoué sur l’un de ses
avant-bras. Depuis son interpellation, une nuit en cellule de dégrisement,
assorties de lourdes amendes pour incivilités racistes et ivresse sur la voie
public, Johnny a opté pour un mode de vie plus discret et raisonné en modulant
son rituel d’achat au discount le plus proche afin de se fournir en
munition : comprenez maxi-pack de bières mais il a fait une croix sur la
Vodka, aussi le whiskey par contre un petit joint si l’occasion s’en présente
n’est pas refusé.
En
attendant Dylan, Johnny-Robert a descendu trois canettes. Dylan n’a jamais
remercié sa mère, il devrait ! Son prénom, il le doit à l’impact de
l’al-culturation par la télévision sur certaines jeunes mamans traumatisées par
la plastique beauté crétinisée d’un jeune héros d’une série américaine des
années quatre-vingt-dix. Dylan n’est pas un mauvais bougre comme le prétend le
directeur du centre social mais il a déjà… -à peine vingt ans- …la franche
allure de l’obese. Sa silhouette, depuis qu’il a abandonné sa dernière année de
préparation à un c.a.p, il l’a gagné en ingurgitant sans modération chips, coca
et bières, vautré sur son lit des heures et des nuits face aux écrans de
l’ordinateur ou du téléviseur de sa chambre et à se flinguer les neurones à
coups de jeux vidéo plus violents les uns que les autres. Parfois il lui arrive
de sortir un peu pour se trainer jusqu’à Sherwood afin de retrouver Johnny et
Holy Ghost.
L’Ange chante de JERRY LEE LEWIS…
L’Ange chante de JERRY LEE LEWIS…
I Say
Goodness Gracious Great Balles of Fire…
Oooho…
Je dis des gracieuses belles balles de grand feu… Oooho…
Holy
Ghost est plus souvent ailleurs que sur le quartier Eldorado mais quand il
passe, s’arrête à la cité, c’est pour distribuer, dealer ses hosties ;
parfois aussi organiser spontanément des mini fiestas nocturnes en Sherwood.
Holy Ghost a la science de tous les itinéraires… -autoroutes, routes nationales
et départementales, aussi d’autres chemins- …entre les principales villes du
nord de la (f)Rance et Amsterdam. Toujours, il se déplace au volant de
luxueuses voitures aux lignes sportives. Ce soir avant… Avant que… Holy Ghost
va une nouvelle fois déblatérer à Johnny et Dylan, son discours récurant façon
Scarface.
-Qu’est que vous attendez pour arracher vos culs
d’ici, de cette dégueulasse cité pourrie ? Il y a plein d’autres Eldorado
où on peut se faire un max de maille…
L’Ange danse au son de : RING ON FIRE de JOHNNY CASH
L’Ange danse au son de : RING ON FIRE de JOHNNY CASH
Je suis tombé dans un anneau de feu incandescent.
Je suis allé au plus profond du trou.
Et
les flammes ont grimpé si haut.
Et il brûle, brûle, brûle
L’anneau
de feu, l’anneau de feu…
Une
chose n’est jamais évoquée avec personne par Holy Gosth, pourtant Johnny et
Dylan ont fini par capter la véritable motivation d’Holy Ghost à reviennir
toujours régulièrement en l’Eldorado. Cette raison est aussi celle qui motive
grandement leur propre attachement à la cité. Johnny et Dylan la nomme entre
eux : La malédiction.
La
malédiction de l’Eldorado, c’est Lucie. La jolie et trop gentille pauvre Lucie.
Elle a toujours aimé tous les garçons de la cité, jamais n’a eu encore de
véritable fiancé, de toute manière elle pense à chaque fois du moment que je lui plais, c’est qu’il
m’aime. Et tous les gars du quartier lui disent tu es jolie… Et tous l’aime bien la protège, Lucie. Elle pourrait
s’appeler Fatima que cela ne changerait rien à cette histoire et comme Johnny
adore le répéter crânement.
…quand tu la regardes marcher de dos, tu ne
cherches qu’à voir la marque de son Jean’s.
Avant…
Avant que… Lucie maintenant traverse le terrain de foot. Elle me sert toujours
contre sa petite poitrine chaude et elle ne sait même plus si elle tremble, si
elle rit, si elle grelotte, si elle pleure, si elle jouit en regagnant Sherwood
au nord-est d’Eldorado au bout du terrain de foot ou elle retrouve les trois
autres, avant… Avant que…
Maintenant
tout va se passer très vite. Cela va se passer très rapidement… Avec la
complicité des bières de Johnny, l’épaisse lourdeur du regard affectueux de
Dylan et les bouffées de bénédictions des herbes exotiques et de quelques
Hosties multicolores d’ Holy Ghost. Bientôt Lucie sera libérée au nom des pères
et sans le fils.
Holy
Ghost, d’une voix tremblante mais qu’il cherche solennelle, les yeux à demi
clos déclare
-Allez, c’est bon ! On les emmerde
tous ! J’allume le feu, on crame cette merde et on se casse d’ici !
De toutes manières on les emmerde tous !
L’Ange chante : BABY’S ON THE FIRE de BRIAN ENO
Baby's on Fire... !
Bébé est en feu…
Look at her laughing /
Regarde la
rire
Like a heifer to the
slaughter
Comme une génisse à l’abbatoir
Baby’s on the Fire – Bébé est en
feu.
And all the laughing boy are
bitching
Et tous les mecs qui rient sont injustes,
Waiting for photos – Ils
attendent des photos
Oh
the plot is so bewitching.
O
que l’intrigue est ensorcelante.
Et
je m’enflamme. Des flammes s’enroulent autour de ma bouche et attaquent mes
gencives qui se contractent. Très bientôt mon cordon ombilical sera rouge
ardent. Déjà, des flammèches lèchent mon petit ventre jusqu’à ce que morte-née
ma chair encore un peu saignante car pas tout à fait cramée, s’affaisse parmi
les détritus au sol de Sherwood. Qui aurait pu être le père ?
Simplement,
à l’Eldorado, un fait d’hiver un soir de Noël.
À
sang, l’âne avait mordu le ventre de Lucie.
La
crèche est bien vivante…
…?
L’Ange
danse langoureusement au son de : SOUL ON FIRE de LaVERN BAKER
Rénondhious
ed maousse !
Je pouvais jouer avec Johnny, Dylan et Holy Ghost
Mais pour moi tu es le seul
Qui me fait kiffer, me fait frémir
Et
qui apporte mon amour vers le bas de mon ventre.
Avant que je
te rencontre, j’ai joué le jeu de l’amour.
C’est un jeu auquel j’ai été gagnante.
Mais maintenant tu mets le feu à mon âme
Et vraiment, j’en joui.
Avec d’autres
copains, les amis du temps des bonhommes,
J’ai encore dû parcourir ce chemin que par moi-même.
J’étais leur fille de jeux, une fille sans morale insouciante
Mais
je me les ai tous servis dans l’assiette.
J’ai trouvé
mon véritable amour avec toi pour toujours,
Et ma vie ne fait que commencer,
C’est
la raison, désormais, pour laquelle tu enflammes mon âme
Et vraiment j’en joui.
Très libre dans l’adaptation française, texte de
la chanson :
Soul on Fire de Baker, LaVern/Etegun, Ahmet/Wexler/Gerald -1953.
Soul on Fire de Baker, LaVern/Etegun, Ahmet/Wexler/Gerald -1953.
Commencé les 4 et 5 octobre 2008
et achevé le 27 septembre 2015.
Les
7 chansons sont venues compléter le texte initial les 18&19 novembre 2015.
S’VIE, À LUCIE
Au pàrfond dl’ iv:ér
din chéle nuit jivrèye
l’onpe, làu, qu’ale grichonne
tchèche donc, tchèche eque ch’ét ?
Ooh ! Lucie !
Ch’ét
Lucie tout ghéllotante
Ooh ! Lucie !
Lucie eque
d-el vlaù
Lucie, tout déspitèye
Ed l’inochinche duska l’grace
Lucie, :eunne d’ènne vie coére si casvéle
D’ tout chele sinttèy a s’ dégavéle
Au pàrfond d’chés wases ed mizére ed jonnèsses
Au
pàrfond dech maù d’énne jonnèsse ed mizéres
Désseulèye nzou sin mantioe
d’ sinttèy
:eunne eddin sn’ éfainche coéchèye, Lucie
d’ tout la-baù ‘ska l’min tinduse
conme un jonne d’ozio tcheu d’sin nid, Lucie
qu’a s’avainche, Lucie
Lucie, ooh !
dégritayèye à sés braù, Lucie, l’ vlaù
Lucie,
ooh !
D-u qu’a s’ soeve ?
Thiote soevache oh ! thiote véstale
din ch’fu d’ glache
d’ènne vie sanz anmoér.
Traduction française de la version picarde par
l’auteur.
SA VIE, À LUCIE
Au coeur de l'hiver
dans
la nuit givrée
cette ombre frissonnante
qui est-elle ?
Ooh !
Lucie !
C’est Lucie toute grelottante
Ooh ! Lucie !
Lucie
qui m’apparais
Lucie, toute décrépitée
De l’innocence jusqu’à la
grâce
Lucie, une vie encore si frêle
qui de toute sa sainteté se dépoitraille
Au
creux de la fange de misères de jeunesses
Au cœur de la plaie d’une jeunesse de misères
Esseulée
sous son manteau de sainteté
Une
dans son enfance meurtrie, Lucie
De plus loin jusqu’à la main tendue
Comme l’ oisillon égaré, Lucie
Qui s’avance, Lucie
Lucie, ooh !
Scarifiée au
bras, c’est Lucie
Lucie, ooh !
Ou
fuit-elle ?
Cette sauvageonne vestale
Dans le feu gelé
D’une vie sans amour.
Ce poème est paru confidentiellement
dans
le n°12 de la « pauvre » revue : PASSAGES,
en l’automne 2008
Version
picarde, dérapée en litanie et améliorée d’ Ivar
Ch’Vavar
Ës’
vie, l’Lucie
pou
l’ thiote fàrfue Mélanie Bonte
Din
ch’pàrfond d’chés courts-jours
Din chele nuit fàrlèye
‘N’ pëtite onbe gricheuse –
Tchèche ch’ét, tchèche ch’ét ?
Din chele nuit fàrlèye
‘N’ pëtite onbe gricheuse –
Tchèche ch’ét, tchèche ch’ét ?
Oooh – Lucie !
Ch’ét Lucie qu’ale ghéllote !
Oooh – Lucie
Quale tranne pi qu’ale ghéllote !
Lucie eque d-el vlaù
Chele pore thiote Lucie
Qu’o ll’ aù déviannèye
E-pi bérziyèye
Qu’o ll’ aù brichoedèye
Qu’o ll’ aù débatchèye
Pi coére débrindjèye
Pi débérlindjèye
Qu’o ll’ aù dégonnèye
Pi débistratchèye
Qu’o ll’ aù dégrindjèye
Pi déhazinèye
E-pi déhansèye
Pi tout démanglèye
Ch’ét Lucie qu’ale ghéllote !
Oooh – Lucie
Quale tranne pi qu’ale ghéllote !
Lucie eque d-el vlaù
Chele pore thiote Lucie
Qu’o ll’ aù déviannèye
E-pi bérziyèye
Qu’o ll’ aù brichoedèye
Qu’o ll’ aù débatchèye
Pi coére débrindjèye
Pi débérlindjèye
Qu’o ll’ aù dégonnèye
Pi débistratchèye
Qu’o ll’ aù dégrindjèye
Pi déhazinèye
E-pi déhansèye
Pi tout démanglèye
Oooh – Lucie, Lucie !
Qu’o t’ aù démoùlite
Tout démanotchèye
Pi démazindjèye
Démintribulèye
Oooh – tu ! déskétèye
Pi déstérminèye
Pi déwairipèye
Lucie tout chaflèye
Pi coére réstaplèye
Tout déwarotchèye
Pi tout bàrzindjèye
Oooh – tout décàrpite
Pi tout décàrsite
Tout décapichèye
Pi tout mouchlinèye
Tout éscarabièye
Lucie – oooh !
Qu’o t’ aù démoùlite
Tout démanotchèye
Pi démazindjèye
Démintribulèye
Oooh – tu ! déskétèye
Pi déstérminèye
Pi déwairipèye
Lucie tout chaflèye
Pi coére réstaplèye
Tout déwarotchèye
Pi tout bàrzindjèye
Oooh – tout décàrpite
Pi tout décàrsite
Tout décapichèye
Pi tout mouchlinèye
Tout éscarabièye
Lucie – oooh !
Edpu l’ inochinche duska l’ grache
Edpu l’ nayustèy ‘ska l’ granne rétustèy
Lucie, ët’ vie ale rèsse si casvéle
Ploéyèye, àrmuchèye
Mènme si quë t’ sint’ tèy, foet qu’a s’dégavéle
Foet qu’a s’éspatronne ! si baù qu’ të trond:éle
Si noér ech rintchuin d-ou qu’të t’ ramonchéle
Edpu l’ nayustèy ‘ska l’ granne rétustèy
Lucie, ët’ vie ale rèsse si casvéle
Ploéyèye, àrmuchèye
Mènme si quë t’ sint’ tèy, foet qu’a s’dégavéle
Foet qu’a s’éspatronne ! si baù qu’ të trond:éle
Si noér ech rintchuin d-ou qu’të t’ ramonchéle
Din ch’ rintchuin d’ chés wases ed mizére
ed jonnèsses
Din ch’ rintchuin dl’ argnoche d’ènne jonnèsse ed mizéres
Désseulèye innzou sin mantioe d’ sint’ tèy
Tout seue ndin sn’ éfainche coéchèye, Lucie
D’tout la-baù ‘ska l’min tinduse
Conme ech jonne ed moùnioe tcheu d’sin nid
– Oooh – Lucie !
Qu’ ale s’avainche laù, Lucie
Lucie – oooh ! Dégritèye à sin braù, d-el vlaù
Lucie – oooh !
D-u qu’ale s’incourt conme chaù ?
Thiote soevache, oh ! thiote véstale
Ed Chéle povërtèy
Din ch’fu d’ glache
D’ ènne vie sanz anmoér.
Din ch’ rintchuin dl’ argnoche d’ènne jonnèsse ed mizéres
Désseulèye innzou sin mantioe d’ sint’ tèy
Tout seue ndin sn’ éfainche coéchèye, Lucie
D’tout la-baù ‘ska l’min tinduse
Conme ech jonne ed moùnioe tcheu d’sin nid
– Oooh – Lucie !
Qu’ ale s’avainche laù, Lucie
Lucie – oooh ! Dégritèye à sin braù, d-el vlaù
Lucie – oooh !
D-u qu’ale s’incourt conme chaù ?
Thiote soevache, oh ! thiote véstale
Ed Chéle povërtèy
Din ch’fu d’ glache
D’ ènne vie sanz anmoér.
Not’ ed Christian-Edziré
Déquesnes :
Déssaqué à chés longs joers ed
2014, à cose éque j’avo arméné énne thiote fàrfrue, in molét parélh à cheule filhe, Edzeur l’tiére dormoére ed sin père. Alle n’y avot jamoé été, ch’étot cheule preume fos por cheule pore fihle…
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