jeudi 13 avril 2017

CANTROÙLI POR ECH'L ABLUHITE EDZEUR CHES KHONORINS QUANTT ECH DHIAPE I LL 'ÀROT DIT.

SAISON QUATRIÈME - CONTES & AUTRES RECITS


Chant vingt septième – Cantroùli por ech’l abluhite edzeur chés Khonorins quantt ech dhiape i’ll' àrot dit. Chant sacré pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.

Ecardes dech douckdouck in fàrnazie ed chés pènas à ch’clor,… / (abluhites dech’l époutreu ech’l ébardleu Dzyhr) / à mi qu’os s’àrnonchèches, ej su Dzyhr Derwydd, ch’l émormleu ed chés seurtèys. / Ej su chl’àrck-Abranm dech ciu, ej su cheule croézèye d’chés thiots piéchintes dech débout. / Coére, étou ej su ch’ pati bleux, màrouleusemint frèche pi yeu.iche, ch’ pati bleuw màrouleusemint tout déployèy / Eque pon in trézawis’mint i n’ pùt së nnin rafarder. / Ej su Ayayayaya, chl’àirignie d’cheule saprèye pétchèye ed chés Khonorins, / Ej su chl’épavoedèy pi innarsè nhiàr ed chés Khonorins. / Adon laù, ch’ét cheule nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; /Tàrtous’ dévalé chi din chés papàrs inplokèys, / Vius pàrchonnhiéys écàrvintreus, qu’os s’àrnonchèches a mi, ej su chl’émormleu-époetreu ed chés seurtèys, Dzyhr Derwydd. / Takavir ! Chés nsékos qu’ nozoete tertous in-hui àrcordons, i soutcho’të djaù, / Edvint ch’étot l’ déflipotage : ech douckdouck m’infutaint din sin écoulmint, ej démucho qui étot àrnouvlainche. / Ech douckdouck, kminchmint dech poepraje su kminchèy, éto ch’ti del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; / Ej’ déssake, j’àrtrét un nséko débotchaint dech coranjhe del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ; / Trézawizant insin, jë l’ sé bin, qu’ej déssake cheule voésse del nworte càrchéle. / Oh, chi qu’mi, ej m’edvise mâl, eque chl’apréche ed cheule foete qu’ale peuche néthié m’foete à-fét. / Du moùmint qu’cheule foete ch’étt à-coese eque mizoete ej sutt un Khonorins, bin ch’étant qu’cheule foete ale néthiche em’ foete pour chaùqu’ale aù du neu. / Chés vius crateus, oetjours ingravèys, dépieul’të coére l’ nake- - / Vné chi-laù, vius pàrchonnièys écarvintreus… / …Ej su parélh à ch’solél dell àrnouvlainche ! / T :éte ed cocriaco dell àrnouvlainche din l’douckdouck, noér agaÿante écolaje é-pi ‘rwète min wal-braù muché edpa drière ed tinn ëdzir. / Cheule souvenanche, à coese équ’ale ét toudi laù, ale ét l’ coese ed tous noùs bérluzries à mi, à li pi à coére ti. / Chl’apréche del bérluzrie, nozoetes-târtous’ ale foèt berloké. / Ch’étt insin ! / Quaintt à pu rin buzié edpa chl’ éblérâjhe. / Vlaù qu’ cheule nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle / Foét poùrtréture su l’ corte de mn’ arainghe… / (é-pi cheule nworte gàrbourioeuse càrchéle n’ét pon si agaÿante eque chau !) / …Epi mi ëj l’ cante Ayayayaya ! Chl’ àirignie… por echl’ abluhite edzeur chés Khonorins quantt ech dhiape i ll’ arot dit.



Traduction française de la version originale picarde de ce chant sacré.

Chant sacré pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.
Eclats du frénétique battement du cœur des ailes au crépuscule,…
[éclats lumineux du fouleur, l’écraseur Désiré]
abandonnez vous à moi, je suis Désiré Voyant-du-chêne, l’écrabouilleur des certitudes.
Je suis l’arc-d’Abraham, je suis la croisé des p’tits chemin au final.
Encore, je suis aussi la pâture bleue, amoureusement fraîche et humide, la pâture bleue amoureusement toute dépliée dont aucun clair entendement par ruse ne peut détourner.
Je suis Ayayayaya, l’araignée de l’équipe sacrée de ceux qui n’ont plus la connaissance.
Je suis le loufoque enflammé nouveau-né pleurnichard de ceux qui n’ont plus la connaissance.
Donc, là, c’est l’effrayante et ensorceuleuse crécelle noire ;
Tous, ici, descendez dans l’image contaminée d’un enfant vue dans l’œil d’un autre, vieux éventreurs complices de meurtres,
Abandonnez-vous à moi, je suis l’écrabouilleur-écraseur des certitudes, Désiré Voyant-du-chêne.
Stupèfiant ! Ce que nous apprenons aujourd’hui existait déjà auparavant le fil se déroulait : le battement
me glissant dans son flux, je découvris qu’il était mutation –
le battement, origine du langage à l’origine, était celui de l’effrayante crécelle noire ;
j’énonce, exprime quelque chose survenant de l’esprit de l’effrayante et ensorceleuse crécelle noire ;
entendant clairement par là : je le sais bien que j’énonce la voix de la crécelle noire.
Oh, si moi, je m’exprime mal, que l’ardeur de la faute suffise à excuser ma faute.
Si la faute c’est parce que je suis de ceux qui n’ont plus la connaissance alors qu’à moi la faute s’excuse puisqu’elle anticipe !
Les vieux couteaux, autrefois enterrés, découpent encore l’institution.
Venez ici, vieux éventreurs complices de meurtres !
Têtes de coq de la mutation dans le battement, effrayant noir enseignement fantastique puis vois mon bras d’honneur caché dans le dos de ton désir.
Les souvenirs, parce qu’ils sont toujours présents, sont la raison de mes fautes, des siennes et des tiennes aussi. L’ardeur de ta faute, nous autres tous, nous fait tituber. C’est ainsi !
Quand à l’oubli, impossible !... – la faute, elle est offerte par l’inattention. Voilà que l’effrayante et ensorceleuse crécelle noire prend forme sur la corde de mon discours… *
[puis l’ensorceleuse crécelle noire n’est pas si effrayante que cela !]
et moi je la chante Ayayayay ! l’araignée… pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.

Par Désiré Voyant-du-chêne/Edzyr Derwydd et dans l’espoir d’exorciser la malédiction « Bienvenue chez les chtis ». Ce chant est une ludique tentative d’adaptation cocasse, très personnelle, en picard chamanique d’un extrait de «  LA VOIX DES KARAW » ; spécialistes d’une pratique complexe où se mêlent le symbole & la voix. « Les KARAW (singulier : KARA) sont des maîtres initiatiques de la secte Kore des Bamanas […], dernière d’une série de six sociétés secrètes dont les membres accomplissent une sorte d’union mystique avec l’être divin » (Judith Gleason).

Pour un éclairages supplémentaires, consultez la formidable anthologie de Jerome Rothenberg : Les Techniciens du sacré. (version française établie par Yves di Manno) et paru aux éditions José Corti.

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