SAISON QUATRIÈME - CONTES & AUTRES RECITS
Chant
vingt septième – Cantroùli por ech’l abluhite edzeur chés
Khonorins quantt ech dhiape i’ll' àrot dit.
Chant sacré pour qu’advienne la révélation
lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.
Ecardes
dech douckdouck in fàrnazie ed chés pènas à ch’clor,… / (abluhites dech’l époutreu ech’l ébardleu Dzyhr)
/
à mi qu’os s’àrnonchèches, ej su Dzyhr Derwydd, ch’l
émormleu ed chés seurtèys. / Ej su chl’àrck-Abranm dech ciu, ej
su cheule croézèye d’chés thiots piéchintes dech débout. /
Coére, étou ej su ch’ pati bleux, màrouleusemint frèche pi
yeu.iche, ch’ pati bleuw màrouleusemint tout déployèy / Eque pon
in trézawis’mint i n’ pùt së nnin rafarder. / Ej su Ayayayaya,
chl’àirignie d’cheule saprèye pétchèye ed chés Khonorins, /
Ej su chl’épavoedèy pi innarsè nhiàr ed chés Khonorins. / Adon
laù, ch’ét cheule nworte agaÿante pi gàrbourioeuse càrchéle ;
/Tàrtous’ dévalé chi din chés papàrs inplokèys, / Vius
pàrchonnhiéys écàrvintreus, qu’os s’àrnonchèches a mi, ej
su chl’émormleu-époetreu ed chés seurtèys, Dzyhr Derwydd. /
Takavir ! Chés nsékos qu’ nozoete tertous in-hui àrcordons,
i soutcho’të djaù, / Edvint ch’étot l’ déflipotage :
ech douckdouck m’infutaint din sin écoulmint, ej démucho qui étot
àrnouvlainche. / Ech douckdouck, kminchmint dech poepraje su
kminchèy, éto ch’ti del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse
càrchéle ; / Ej’ déssake, j’àrtrét un nséko
débotchaint dech coranjhe del nworte agaÿante pi gàrbourioeuse
càrchéle ; / Trézawizant insin, jë l’ sé bin, qu’ej
déssake cheule voésse del nworte càrchéle. / Oh, chi qu’mi, ej
m’edvise mâl, eque chl’apréche ed cheule foete qu’ale peuche
néthié m’foete à-fét. / Du moùmint qu’cheule foete ch’étt
à-coese eque mizoete ej sutt un Khonorins, bin ch’étant qu’cheule
foete ale néthiche em’ foete pour chaùqu’ale aù du neu. / Chés
vius crateus, oetjours ingravèys, dépieul’të coére l’ nake- -
/ Vné chi-laù, vius pàrchonnièys écarvintreus… / …Ej su
parélh à ch’solél dell àrnouvlainche ! / T :éte ed
cocriaco dell àrnouvlainche din l’douckdouck, noér agaÿante
écolaje é-pi ‘rwète min wal-braù muché edpa drière ed tinn
ëdzir. / Cheule souvenanche, à coese équ’ale ét toudi laù, ale
ét l’ coese ed tous noùs bérluzries à mi, à li pi à coére
ti. / Chl’apréche del bérluzrie, nozoetes-târtous’ ale foèt
berloké. / Ch’étt insin ! / Quaintt à pu rin buzié edpa
chl’ éblérâjhe. / Vlaù qu’ cheule nworte agaÿante pi
gàrbourioeuse càrchéle / Foét poùrtréture su l’ corte de mn’
arainghe… / (é-pi cheule nworte gàrbourioeuse càrchéle n’ét
pon si agaÿante eque chau !) / …Epi mi ëj l’ cante
Ayayayaya ! Chl’ àirignie… por echl’ abluhite edzeur chés
Khonorins quantt ech dhiape i ll’ arot dit.
Traduction
française de la version originale picarde de ce chant sacré.
Chant
sacré pour qu’advienne la révélation lumineuse sur ceux qui
n’ont plus la connaissance.
Eclats
du frénétique battement du cœur des ailes au crépuscule,…
[éclats
lumineux du fouleur, l’écraseur Désiré]
…abandonnez
vous à moi, je suis Désiré Voyant-du-chêne, l’écrabouilleur
des certitudes.
Je
suis l’arc-d’Abraham, je suis la croisé des p’tits chemin au
final.
Encore,
je suis aussi la pâture bleue, amoureusement fraîche et humide, la
pâture bleue amoureusement toute dépliée dont aucun clair
entendement par ruse ne peut détourner.
Je
suis Ayayayaya, l’araignée de l’équipe sacrée de ceux qui
n’ont plus la connaissance.
Je
suis le loufoque enflammé nouveau-né pleurnichard de ceux qui n’ont
plus la connaissance.
Donc,
là, c’est l’effrayante et ensorceuleuse crécelle noire ;
Tous,
ici, descendez dans l’image contaminée d’un enfant vue dans
l’œil d’un autre, vieux éventreurs complices de meurtres,
Abandonnez-vous
à moi, je suis l’écrabouilleur-écraseur des certitudes, Désiré
Voyant-du-chêne.
Stupèfiant !
Ce que nous apprenons aujourd’hui existait déjà auparavant le fil
se déroulait : le battement
me
glissant dans son flux, je découvris qu’il était mutation –
le
battement, origine du langage à l’origine, était celui de
l’effrayante crécelle noire ;
j’énonce,
exprime quelque chose survenant de l’esprit de l’effrayante et
ensorceleuse crécelle noire ;
entendant
clairement par là : je le sais bien que j’énonce la voix de
la crécelle noire.
Oh,
si moi, je m’exprime mal, que l’ardeur de la faute suffise à
excuser ma faute.
Si
la faute c’est parce que je suis de ceux qui n’ont plus la
connaissance alors qu’à moi la faute s’excuse puisqu’elle
anticipe !
Les
vieux couteaux, autrefois enterrés, découpent encore l’institution.
Venez
ici, vieux éventreurs complices de meurtres !
Têtes
de coq de la mutation dans le battement, effrayant noir enseignement
fantastique puis vois mon bras d’honneur caché dans le dos de ton
désir.
Les
souvenirs, parce qu’ils sont toujours présents, sont la raison de
mes fautes, des siennes et des tiennes aussi. L’ardeur de ta faute,
nous autres tous, nous fait tituber. C’est ainsi !
Quand
à l’oubli, impossible !... – la faute, elle est offerte par
l’inattention. Voilà que l’effrayante et ensorceleuse
crécelle noire prend forme sur la corde de mon discours…
*
[puis
l’ensorceleuse crécelle noire n’est pas si effrayante que
cela !]
…et
moi je la chante Ayayayay ! l’araignée… pour qu’advienne
la révélation lumineuse sur ceux qui n’ont plus la connaissance.
Par
Désiré Voyant-du-chêne/Edzyr Derwydd et dans l’espoir
d’exorciser la malédiction « Bienvenue chez les chtis ».
Ce chant est une ludique tentative d’adaptation cocasse, très
personnelle, en picard chamanique d’un extrait de « LA VOIX
DES KARAW » ; spécialistes d’une pratique
complexe où se mêlent le symbole & la voix. « Les KARAW
(singulier : KARA) sont des maîtres initiatiques de
la secte Kore des Bamanas […], dernière d’une série de six
sociétés secrètes dont les membres accomplissent une sorte d’union
mystique avec l’être divin » (Judith Gleason).
Pour
un éclairages supplémentaires, consultez la formidable anthologie
de Jerome Rothenberg : Les Techniciens du sacré. (version
française établie par Yves di Manno) et paru aux éditions José
Corti.
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